Bio

Non dégradable

 

Pascal Knopfel travaille depuis plus de trente ans dans le secteur de la création graphique. Le domaine culturel et institutionnel sont ses domaines d’expertise. Il commence sa carrière aux Ateliers Du Nord à Lausanne sous la houlette de Werner Jeker, en tant que stagiaire. Après son diplôme de l’Ecole cantonale des Beaux Arts et Arts appliqués de Lausanne, il travaille pour plusieurs graphistes de renom à Vevey, Montreux et Paris. Il a également ses propres clients. Il est lauréat du Prix de L’œuvre à Genève en 1984, lauréat du Prix les Habits du Vin, étiquette et packaging en 1990, lauréat du Prix fédéral des arts appliqués en 1990, lauréat du Prix fédéral des arts appliqués en 1995, lauréat du Prix fédéral des arts appliqués en 1997, lauréat de la Villa Borges à Rome, l’équivalent suisse de la Villa Médicis, en 1998. Il expose ses travaux en 1991 au Museum für Gestaltung à Zurich, en 1995 au Museum für Gestaltung à Bâle et en 1997 au musée des Arts décoratifs à Lausanne. Il expose également à La Réunion en 2011 au Centre Dramatique de l’océan indien et en 2019 au Musée Stella Matutina. Il devient, en 1990, directeur artistique de l’agence Anatom Dom à La Réunion. En 1993 il co-fonde l’atelier Azote puis en 1994 l’atelier Crayon noir. C’est sous Crayon noir qu’il réalise tous ses travaux les plus importants et qu’il devient une référence locale en matière de design graphique. Les deux institutions qui sont la Région Réunion et le Département lui ouvrent leurs portes, notamment dans le domaine culturel et plus particulièrement dans les musées. La scénographie, la muséographie d’exposition, la conception et la création graphique d’affiches, de livres, de catalogues d’exposition, de logotypes, de programmes de théâtre, de signalétiques, … sont ses domaines de prédilections. Bref, un homme passionné par l’image et le partage.

 

L’Atelier Crayon Noir

Par François-Louis Athénas, photographe

 

Au départ, il était géomètre, ce fut le premier métier de celui dont nous parlons ici, comme de premières gammes, un premier alphabet et cela, évidemment n’est pas anodin. C’est sur ce socle que repose un travail dont l’essence est d’occuper l’espace, de lui donner vie, de rendre un propos lisible entre la page vierge et la bouillie primitive d’un premier « échange-client ».

Il n’est pas d’image, de page, lisible et vivante tout à la fois sans cette lecture initiale de l’espace dans toute sa rigueur et toute sa liberté. Sans doute pour Pascal Knopfel, cette rigueur prend-elle sa source, dans la terre natale, la Suisse, puis dans les écoles de graphisme helvètes et leurs maîtres, qui influencèrent profondément son regard et son travail. Elles furent sa nourriture, puis furent toujours au centre de son inspiration.

Il en reste aujourd’hui je crois, après 50 années de vie, 30 années d’expérience et d’amour du métier, quelques éléments essentiels façonnés au fil d’un long cheminement d’épure qui est au centre de sa démarche et de sa personnalité. Une perception « extra-ordinaire » de l’espace, qui relève d’une intuition fulgurante, d’une justesse inégalée. Un amour de la lettre, une passion de cette ligne élémentaire, frontière du sens et de la matérialité.
Un respect scrupuleux de l’image et du travail de l’autre, je parle ici pour les quelques photographes auteurs et illustrateurs qui ont le bonheur de partager avec lui l’espace et le temps de quelques pages.

Revenons sur l’espace et sa perception. C’est bien sûr l’élément premier, celui qui est « à la source ». L’époque « géomètre » vite abandonnée, car trop limitée, mais pourtant fondatrice, puis la formation, à « bonne école » l’Ecole Cantonale des Beaux-Arts & Arts Appliqués de Lausanne, mais ces origines rationnelles taisent trop l’essentiel, un don fulgurant pour la perception et la mise en œuvre de l’espace. Nul comme lui n’a l’intuition du « blanc », du silence nécessaire à une page, de l’espace sans lequel aucune information ne dit ce qui est derrière le mot, le sens. Il est comme un de ces grands encadreurs que j’ai vu une fois à l’œuvre. Cela peut paraître simple, à la portée de tous, d’encadrer, de placer une image, un mot, une idée, dans un espace fermé. Ce ne l’est évidemment pas, puisque ce cadre n’est pas une fin en soi mais un espace qui doit être sans limite, l’espace nécessaire à l’épanouissement de l’imaginaire.

Le graphisme c’est d’abord cela, ce métier d’artisan, simple et respectueux de la création qu’il doit simplement magnifier : un spectacle, un livre, une exposition, un musée… C’est sa démarche et celle de son atelier Crayon noir.

Si l’atelier fondé par Pascal Knopfel, porte ce nom, c’est qu’il traduit de manière évidente un enracinement dans l’origine du dessin, de la lettre et de la main, et une volonté de simplicité sans cesse affirmée. L’amour de la lettre, de la typographie comme élément fondateur est le second point d’ancrage du travail de Pascal Knopfel. Cette typographie, dont il use avec parcimonie et discernement, est pour lui un écho nécessaire à la couleur de la pensée, à la musicalité de l’idée qui vibre dans la page. Une typographie n’est pas seulement un tracé rigoureux et lisible mais une enveloppe subjective du sens. Il le sait et en use avec une sobriété passionnée.

Pour finir il faut parler du respect et l’amour du travail de l’autre, le « client » tout d’abord, mais je ne crois pas que ce mot convienne, que l’on choisisse l’atelier Crayon noir, comme on choisit un « fournisseur », puis l’illustrateur : photographe, peintre, auteur… Je ne m’attarderai, pour simplifier, que sur la photographie, qu’il aime et respecte scrupuleuse-ment.

Ecoute, rigueur côtoient chez lui un amour de l’image, du cadre, de la composition, dont l’origine et un sens esthétique, un goût pour le beau que seuls possèdent les vrais amateurs d’arts et les vrais professionnels. Et c’est sans doute ce qu’il parvient à conjuguer et à perpétuer dans sa démarche : continuer aujourd’hui à travailler de manière exigeante et à aimer ce que l’on fait. L’ensemble des créations rassemblées dans ces pages, soulignent parfaitement cette rigueur, cet amour et la cohérence des choix de l’atelier Crayon noir, dans leur intemporalité graphique.

Pour conclure, et ce qui me paraît ici le plus important de souligner, est qu’au-delà des lignes directrices qui président à son travail et que je viens rapidement d’énumérer, je ne vois pas de frontière entre ce travail et ce qu’il est, un graphiste authentique, rare et sincère.

 

Pascal Knopfel, Graphiste

Par Guy Robert, directeur adjoint et administrateur du Centre Dramatique de l’Océan Indien

 

C’est bien joli de disposer de belles photos, de proposer de beaux spectacles, encore faut-il les mettre en musique. Et pour ça disposer d’un compositeur de premier plan, de première page. En matière de graphisme, il y a plusieurs écoles. Celle qui nous intéresse est l’école suisse. Attention, suisse ne veut pas dire neutre (ou horlogerie et chocolat) : le style suisse s’appelle aussi style typographique international et donne des compositions au graphisme simple, clair, direct. Service, volée, sans effort apparent. Bref, Roger Federer.

On peut faire des choses surprenantes avec le style suisse. On peut être iconoclaste, c’est-à-dire briser des images tout en les composant. Un graphiste iconoclaste adepte du style suisse, notre affaire semble se compliquer. En fait, pas du tout. Avec lui, tout devient simple, il a toujours une solution à vos envies, besoins, problèmes de communication. Cette solution, vous en parlez avec lui, vous lui proposez une idée. S’il juge que votre idée améliore la sienne, il prend. Sa fierté n’est pas là. Sinon, c’est non. Et non, c’est non, n’y revenez pas. Vous risqueriez de l’agacer et du glacier peut jaillir un volcan. Qui n’a pas sa langue dans sa poche, elle n’a rien à y faire.

Il y a deux types de graphistes. Ceux qui agencent des images et des lettres, et sont en fait des maquettistes maîrisant les logiciels. Et ceux qui pensent un peu plus loin, d’un peu plus haut, capables de traduire sur le papier une pensée, un projet. Comme vous l’imaginez, Pascal a choisi de jouer dans la deuxième équipe.

Un des plaisirs du temps qui passe est de recevoir tous les ans sa carte de vœux. Une idée simple comme la lumière, un graphisme impeccable. Comment n’y avons-nous pas pensé avant lui. Nous n’y avons pas pensé car notre style n’est pas suisse, nous ne nous appelons pas Pascal Knopfel et c’est heureux, car même en portant son nom, on ne lui arriverait pas à la cheville. Et je ne vous raconte pas les apéros du vendredi soir parce que ça ne vous regarde pas.